Dans la lignée des travaux entamés depuis les années 1970, nos propres recherches sur la nécropole de Wanar nous permettent d’actualiser nos connaissances sur les formes mégalithiques sénégambiennes, mais également d’envisager sous un angle nouveau les séquences de mise ne place de ces architectures, depuis l’extraction des matériaux jusqu’à leur mise en place, et des pratiques funéraires associées.

 

Au cours du premier programme de recherche (2008-2011), trois monuments ont fait l’objet de décapages extensifs en périphérie (I, XIV et XIX) et les niveaux funéraires de deux d’entre eux furent abordés (I et XIX) (Fig. 1). Lors du second programme de recherche (2012-2015), les données acquises sur les monuments I et XIX, aux monolithes fins et allongés, seront mises en parallèle avec celles qui seront dégagées des monuments XIV et XX, aux monolithes courts et trapus, permettant ainsi de questionner un éventuel lien entre pratiques funéraires et formes architecturales.

In the line of works begun in the 1970s by G. Thilmans and C. Descamps, our own research in Wanar allow us to update our knowledge of the megalithic Senegambian architectures. Moreover the sequences of setting up these architectures, from the extraction of materials to their implementation as well as associated funerary practices, can be considered under a new angle showing more complexity.


In the first research program (2008-2011), three monuments (I, XIV and XIX) were subject of extensive excavations in the periphery and funerary levels of two of them were studied (I and XIX) (Fig. 1). Datas acquired on monuments I and XIX, with thin and elongated monoliths, will be compared during the second program (2012-2015) with those to be released on monuments XIV and XX, with short and stocky monoliths. Our aim is to question a possible link between burial practices and architectural forms.


Fig. 1/ Plan of megalithic necropolis of Wanar (Topography : R. Bernard, DAO : L. Quesnel)
Fig. 1/ Plan of megalithic necropolis of Wanar (Topography : R. Bernard, DAO : L. Quesnel)

Ces monuments circulaires constitués de monolithes dressés, longtemps perçus comme de simples « cercles de pierres », sont en fait des architectures cylindriques pleines. Les monolithes, jointifs ou non, délimitent un espace central comblé d’une masse tumulaire et scellant les niveaux funéraires sous-jacents. A l’est peuvent être disposées une ou plusieurs pierres monumentales, dites « frontales », renvoyant à quelques formes caractéristiques (simple fût, pierre en « V » ou pierre-lyre). Dans le cas où les monolithes sont disjoints, des élévations en pierre sèches intercalées assurent le maintien des terres internes (Fig. 2). Avec le temps, ces structures se fragilisent et colluvionnent vers l’extérieur ; matérialisant une première étape dans la ruine des monuments. Si les éboulis montrent une forme tronconique sur le monument XIV (Fig. 3), ceux relevés sur le monument XIX témoignent de plusieurs effets de parois, preuve de l’association du bois dans ces architectures (Fig. 4). Un second événement de ruine des monuments fut révélé par des décapages systématiques aux abords des cercles de pierres dressées : la chute des pierres frontales.

These circular monuments maked up of shaped monoliths, long perceived as mere "stone circles", must now be considered as cylindrical architectures. Monoliths, contiguous or not, define a central space filled with an earthen mound sealing the underlying funerary levels. To the east one or more monumental stones can be arranged referring to some characteristic forms (simple stone, "V" shaped stone or “pierre-lyre”). In cases where the monoliths are disjoint, dry stone elevations interspersed ensure the maintenance of the internal earthen mound (Fig. 2). Over time, these structures weaken and collapse outwards, materializing a first step in monuments ruin. If the screes show a truncated form on monument XIV (Fig. 3), those founded on monument XIX demonstrate several effects of walls, a great evidence highlighting wood where associated to these megalithic architectures (Fig. 4). The second step of ruin of these monumental structures is eastern frontal stones falling down.


Fig. 2/ Monument XIV : protohistoric level before a first episod of ruin (Photo : A. Delvoye)
Fig. 2/ Monument XIV : protohistoric level before a first episod of ruin (Photo : A. Delvoye)
Fig. 3/ Monument XIV : level of collapsed dry stone walls interspersed between each monolith (A) and plan of structures (B)  (Photo : L. Laporte, Drawing : A. Delvoye), DAO : L. Quesnel).
Fig. 3/ Monument XIV : level of collapsed dry stone walls interspersed between each monolith (A) and plan of structures (B) (Photo : L. Laporte, Drawing : A. Delvoye), DAO : L. Quesnel).
Fig. 4/ Monument XIX : level of collapsed dry stone walls interspersed between each monolith (A) and plan showing the presence of wooden structures (B).
Fig. 4/ Monument XIX : level of collapsed dry stone walls interspersed between each monolith (A) and plan showing the presence of wooden structures (B).

Avec la fouille par l’équipe de Guy Thilmans d’une portion de carrières à proximité immédiate du site de Siné-Ngayène, la question de la provenance des matériaux nécessaires à l’édification de telles architectures avait commencé à être documenté. Ces travaux avait en effet mis au jour les négatifs d’extraction de monolithes, creusés dans la cuirasse latéritique affleurante. En 2008, à environ 200m de la nécropole de Wanar avaient été localisés des monolithes abandonnés, et surtout, une « pierre-lyre » brisée. Des fouilles autour de cette pierre laissée sur place, illustrèrent pour la première fois une zone d’extraction de pierres en « V » et de « pierres-lyre » (ci-dessous : Fig. 5, 6 et 7). De plus, une simple comparaison dimensionnelle permit d’associer à chacun de ces négatifs d’extraction une pierre en « V » ou une « pierre-lyre » sur le site même.

The question of the origin of laterite stone needed for the erection of such architectures was partially documented by Thilmans’s team at Sine-Ngayene where quarries were discovered close to the site showing hollows of monolith carved in the laterite bedrock. About two hundred meters from the Wanar necropolis were located in 2008 abandonned monoliths and, above all, a broken “pierre-lyre”. Never documented before, excavations confirmed “V” shaped stones and “pierre-lyre” were exctrated at that place (Fig. 5, 6 and 7 just below). Furthermore, a simple size comparison of “V” shaped stone and “pierre-lyre” between the quarry and stones on site permitted to link each hollow to a precise standing stone on site.


Attesté depuis de nombreuses décennies dans la littérature scientifique, le dépôt de céramiques en façade orientale des cercles à proximité des pierres frontales, s’il renvoie à des types distincts de poteries, à jusqu’à très récemment été abordé comme une pratique correspondant à une phase d’occupation des monuments mégalithiques. En plaçant ces ensembles en stratigraphie, nos observations nuancent profondément ce schéma. En effet plusieurs dépôts de nature différente se succèdent sur un même ensemble architectural. Si des dépôts sont bien contemporains de la fin de la mise en place des architectures et de leur occupation (Fig. 8), l’essentiel des poteries placées en périphérie des monuments se rattachent chronologiquement à une première ruine des cercles, voire seconde (monument XIX) (Fig. 9). Ces ensembles céramiques sont donc plus à lier à une fonction commémorative que purement rituelle.

Documented for many decades in the scientific literature, the pottery deposit on oriental façade of monuments were until recently commonly perceived as a practice corresponding to an occupational phase although it refers to various types of ceramics. By placing these units in stratigraphy, our observations deeply nuance this scheme. Indeed, several moments of deposition can be pointed out on the same architectural ensemble. If deposits are in fact contemporaneous with the end of the implementation of architectures and their occupation (Fig. 8), most of the pottery placed at the periphery chronologically relate a first step of ruin (Monument XIV) or a second one (monument XIX) (Fig. 9). If a ritual function can be attached to ceramics assemblages lying before a first ruin of the architectures, later pottery deposits must be perceived in a commemorative perspective.


Fig. 8/ Pottery deposit on monument XIV contemporary to the emplementation of architectures (Photo : A. Delvoye, DAO : A. Delvoye).
Fig. 8/ Pottery deposit on monument XIV contemporary to the emplementation of architectures (Photo : A. Delvoye, DAO : A. Delvoye).
Fig. 9/ Pottery deposit on monument XIX after the collapse of dry stone elevations (A) and after a second episod of ruin (B) (Photo : L. Laporte, DAO : A. Delvoye).
Fig. 9/ Pottery deposit on monument XIX after the collapse of dry stone elevations (A) and after a second episod of ruin (B) (Photo : L. Laporte, DAO : A. Delvoye).

Les dépôts funéraires, compris dans des fosses de taille variable et creusées antérieurement à l’érection des architectures mégalithiques, révèlent essentiellement des inhumations secondaires. Des éléments osseux en connexion anatomique ont toutefois été identifiés dans les niveaux funéraires inférieurs du monument I. Certains faits sont notables tels que des phénomènes de décomposition en espace libre ou encore des ossements sélectionnés et disposés dans un contenant périssable aujourd’hui disparu (Fig. 10). Ainsi les pratiques funéraires de chaque monument sont à appréhender comme une succession d’interventions plutôt que comme un unique évènement.

A ces sépultures est lié un mobilier principalement constitué de pointes de lances en fer recourbées et d’anneaux en fer ou alliage cuivreux. La présence de quelques éléments en or et de pierres taillées rappelle, au-delà du témoignage d’une certaine hiérarchisation sociale, que les sociétés liées aux architectures mégalithiques sénégambiennes s’inscrivent au moins en partie dans le cadre de la formation des grandes entités politiques que sont le Ghana ou encore le Mali.

Funerary deposits studied on monuments I and XIX, dug prior to the erection of megalithic elements and consisting of various shape pits, show essentially secondary burials. However, in lower burial levels on monument I were identified human bones in anatomical connection. Notable facts such as decomposition in empty space or selected bones and arranged in a perishable container now disapeared are major points (Fig. 10). Thus, burial practices of each monument are understood as a succession of interventions rather than a single event.

Artifacts related to burial pits consist mainly of iron spear, curved rings made of iron or copper alloy. Presence of gold items such as bead or ring as well as carved stones remember us, beyond the testimony of a certain social hierarchy, megalithic senegambian phenomenon fall, at least partly, through a period of apparition and developpement of large political entities called “Empires” such as Ghana or Mali.

 


Fig. 10/ Burial pits on monument I and détail on selected bones arranged in a perishable container (Photo and DAO : L. Laporte).
Fig. 10/ Burial pits on monument I and détail on selected bones arranged in a perishable container (Photo and DAO : L. Laporte).

Poster de présentation de la nécropole de Wanar


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